Zorro est arrivé...Et les méchants Européens qui tyrannisent les fils d'Oncle Sam tremblèrent sur leurs roues ! Oui, c'est ça la légende Carroll Shelby...Le cow-boy au chapeau noir a réalisé l'impossible rêve américain : battre les pur-sang de la vieille Europe. En quelques années, il a comblé le lourd handicap de l'énorme expérience européenne...

Certes, l'écurie de Carroll n'utilise encore que les « gros cubes », mais je parie que le bouillant Texan ne s'en tiendra pas là ! ( nous sommes en 1965, dans le journal de Spirou )En attendant de s'attaquer aux petites cylindrées et même à la monoplace de Formule 1, il remplit son « contrat Ford » { Ford savait ce qu'il faisait en misant sur Carroll Shelby. Ce cow-boy texan a remplacé le six-coups par des moteurs à la dynamite...Et quand il dégaine, il y a toujours une Ferrari ou deux qui restent sur le tapis!} avec une enthousiasmante maîtrise...Comment tout cela a-t-il commencé ?

Carroll Shelby naquit à Dallas, la cité des riches cow-boys. Alors que ses petits copains ne rêvent que rodéos, Carroll se passionne pour les grosses voitures qui, de temps en temps, viennent disputer une course de kermesse dans la ville. A sept ans, il s'engage comme balayeur de garage...Cela lui permet de voir et de caresser ces mystérieuses mécaniques qui l'obsèdent.

Les années passent, mais le rêve reste : après la guerre, le jeune Carroll passe à l'action ! Il casse sa modeste tirelire et achète une petite MG Midget d'occasion. Bricolant des nuits entières, il cherche à débusquer les chevaux-vapeur, à la manière de ces sorciers européens qu'il admire. Il s'engage dans de nombreuses courses locales et, ma foi, cela ne s'annonce pas trop mal...Est-ce l'instinct ou une pointe de génie ? Carroll trouve d'emblée les bons réglages, et les premiers succès l'incitent à chausser la taille au-dessus.

Il achète une vieille Ferrari et s'attaque aux vedettes européennes qui font la loi sur les circuits américains. A Sebring, il se classe juste derrière le célèbre Mike Hawthorn et, en 1957, à Cuba, le dieu Fangio doit batailler ferme pour lui ravir la première place ! Cette fois, le fruit est mûr...

Le fruit est mûr ? Oui, mais qui va le cueillir ? L'Amérique ignore toujours la véritable compétition automobile et seul le cirque d'Indianapolis fait vibrer les foules. Carroll fait donc sa valise et s'envole vers l'Angleterre, cette île de sorciers. La marque Aston Martin l'engage...et ne le regrette pas. Le patron avait dit « Faites-nous gagner », et le jeune américain se met au travail. Avec l'aide du pilote Roy Salvadori, il met au point l'écurie Aston et apprend les finesses du pilotage de circuit.

En 59, coup d'éclat ! Avec son ami Roy, Carroll gagne les 24 Heures du Mans ! Battant  le fer tant qu'il est chaud, notre cow-boy met aussitôt en chantier une Formule 1 Aston... Mais hélas, la maladie l'oblige à renoncer au pilotage de course.

Il retourne alors en Amérique et monte à Los Angeles un atelier de sorcier où il gonfle les voitures de sport qui commencent à envahir le pays.

Enfin, vint la grande idée...Carroll Shelby achète quelques châssis AC Bristol ( voiture de sport anglaise ) et demande à Ford l'autorisation d'y monter ses gros moteurs. Le géant de Detroit devine que la compétition va bientôt jouer un grand rôle dans la publicité et il rêve de couper l'herbe sous le pied de la General Motors...Non seulement il fournit les moteurs demandés, mais il accorde à Carroll une aide puissante et Henri Ford II lui achète son premier modèle. La Cobra était née.

Une terrible bombe est amorcée. Les puristes européens peuvent ricaner devant les premières Cobra qui cassent tout le temps...L'explosion ne va pas tarder. Et cela, le Commandatore Enzo Ferrari le sent ! L'écurie Shelby, patronnée par le tout puissant géant Ford, veut sa peau...

De métamorphose en métamorphose, la Cobra devient une GT redoutable, tout en conservant ce typique style authentiquement sport, que tant de fanatiques regrettent. A plusieurs reprises, le vil roadster de Carroll met les GT Ferrari K.O., mais cela ne suffit pas à notre bouillant texan. Menant l'opération Ford à la cravache, il développe ce fameux prototype GT 40 dérivé de la Lola anglaise ( moteur Ford ) et attaque le Commandatore sur son terrain favori : la catégorie prototype...

Le duel est en cours, et les 24 Heures du Mans 65 ont encore vu la victoire du cheval cabré italien. Mais Enzo Ferrari passe des nuits blanches en pensant à ce Zorro du Texas...

Texte tiré des chroniques de Starter : 60 voitures des années 60 par Jidéhem – Textes d'après Jacques Wauters – Editions La Sirène.

Je vous présente en illustration la version musclée de la Ford Mustang : la 350 GT fastback, élaborée par Carroll Shelby.

Je vais essayer de compléter mon site de collectionneur cette semaine ( encore quelques bugs...comme on dit ) et y ajouter la Ford Mustang Shelby 350 GT de 1965 que je vous présente dans cet article.

NB pour mes fidèles lecteurs batailleurs : il n'y en aura pas toujours pour Ford !!! Patience.

Bonne semaine à tous.

Jacques.